Proffensive

Couché sous l'Orme
dans les champs jaunes et or
où Chanvre et Orge dorment

Un jour de bonne humeur,
J'ai dit : Niet.

Et sur l'heure
Renié, net
les consignes
latines,
Fumé
les tumeurs de ma langue utérine.
Les classiques
Grecs, bien secs
ont brûlé, et j'ai voulu rayer
des cahiers d'écoliers
les lignes de culture
immature et crétine
qui étaient soulignées...

J'ai du payer
Cher
La joie de ce doux crime
Car
L'ange de la censure
Jusqu'aujourd'hui m'étreint,

Et les âpres morsures morsures
De ses dignes quatrains
- Au nom de mon blasphème -
ont miné de vermines
mes greniers à poèmes
percé, au stylomine,
tous mes silos à rime !

Famine !
Famine !

Mais Vint l'année bénie,
vint le vent, puis la pluie...
 
Je sème
Petit mil...

Et récolte dix mille
Sacs
De missiles verbales,
Le Tomawak
Sacrificiel
Et l'Anorak
Spécial
De grand Grammamiral
Et je décrète
Offansive
Générale
Et complète
Contre les épithètes
A claque !

Et je dis : pool !
Crac !

J'épaule et tape
l'envol du cygne
sa force
redessine
l'horizone
et je me camisole
à ma terre d'origine
ou les cimes
s'y poussent,
Et sans racines !

Et me voici,
Profarceur
Semoule
Tournesol
dans la faune et la foule
Me voici qui déboule !

La primeur
De desaoûler les dogmes
Et normes
Des littérateurs
Sera ma primature,
Aura ma préfaveur.

Je brandis ma cravache.
Et ma corde à fesseur
Et ma pointe à polish

J'amorce
dynamites en poches
les strophes atroces
les graphes amorphes
des poètes potaches

bounce !

comme
l'ours féroce
et véloce
vole l'os
au molosse
postiche

Prof Semoule
s'aboule :
Catastrophe
Pour les dirloches
Les cruches et cloches
Et les caniches
Du stylobile !

Funambule
Des styles perdus
comme des fils tendus
Entre l'Eden
Et les étoiles

Semoule débale
déroule
Et s'amène en rafale
Décale
Dépile
Cambriole
Viole
Eperonne
Et sabre au diformol
Toutes les hyperboles
Des hypercons et connes

Une file de fables en fioles
à son futal,
Un Pistole à six-coups-Dix-boules
qui moule
son fond de cale

Semoule !
Aux mots en tarentules
Aux dards doublés de tulle
et de bulles d'étoffes
tranchent et
transpercent
les derches
des poulets enflés
perchés sur leurs mottecrottes
crotthographes à fumier

affolés
les fripouilles
Du scribouille
s'écrouillent
et c'est l'autodafé
des Socrafe et d'Orphée
Des Froust et des Balzate
Des Focrates
Des bureauscaphes
De la sangsure
des personnalités...

Et fini des brulûre

Des punaies alitées
Dans ton lit,
ma rature
mon ami
mon émir
mon amour
mon erreur
ma terreur
toi, faux détour !
vrai miroir
de l'homme sans atours !
rature !

Je t'aime et je t'adure !

Mais,
pour ce qui est
du reste
porcelaines des rêgles anciennes
et des pronoms surfaits,
des gramorphines
et des trophées
et des gouffres
et du franchais !

exsangues faux-filet
jambon de langue
riz de boeuf à préfet
replet de respects
de prescrit
de conscrit
de l'inscrit
de l'admis
et de l'académite
des concours à bouffons
et des goncourts
des petits fours
des écrifons
qui sont plus sourds que les siphons

Parole de Semoule :
Je fous
tout ce foutrac
ces foutaises
au feu ! crac !

Je m'ammène
Au duché
branché
de l'éduchiafionale !

Branle-bas de combale !
Et chonnez les timbales !

J'inverse les adverbes
comme les moustaches
en cul de vache
cucollées sur la bouche
des grands-ducs à duduches,
comme les mouches
qui volent
autour des couches
Où défèquent
les pontes et contes de l'Orthochiasse !

Et je vous sors
débiles et derviches
et vous, papis fétiches
rois de l'Académiche
françaisse
Et je vous sors
par votre peau des fèches !

Oust !
Qu'ils se dégagent !
Filez en flèches !
Et qu'ils révisent leur jeunesse !

M'entendez-vouste ?
Oust !

avant que je vous chiche
une grosse merche
en forme d'acrostiche
sur le bicorne !

Avant que je m'énèrge !
Et que j'arrache
La barbiche
A votre vieille école,
Cette catin
A l'haleine infestale !
Vieux chenapins !
grèles ganaches !
perles fécales !
Vieilles bricoles !

Ce que je veux
moi : le scandale !!!

Ce sont
les explozions de rire
A l'orée rouge des roseraies
Et ce sont les élans des hilares
amarrés sous les lyres
Et l'eventer
et l'effleurer
les influx d'invention
qui fusent
comme l'elfe affûté
file long les flûtaies !

L'adoration d'Eros
Et les éroseraies
et là, les larges lames et les lêvres en armes
là, la mer longe et calme et les charmes endormis

Et les étourderies comme des graines d'orges
Et les fairies, prairies, et les fleuries !

nos ailes, les allées d'alizés nous les emmeneraient,
et nous, halés, de lézarder dans les airs azulés !

tout mousserait, promis !
tout nousserait permis !

et les mots,
là, s'envoleraient
scandales
et farandoles !
en tonnerre de pétales
Emmenant hommes,
femmes et pédales
hors leur bokal.

Quand cela sera fait
je m'enfuiré,
Et j'iré
me coucher sous les Ormes,
dans les champs jaunes et or
où Chanvre et Orge dorment...
Et je m'endormirais.