Attention, ce qui suit
peut choquer
les curés
Parousie
Les Enfers.
Au fin-fond de son four,
Lucifer se fait lire,
Hilare,
par un Olifanphare
Une affiche en satin.
Délivrée ce matin
Par le Faxéraphin,
C'est un grave défi
Paraphé d'une Ostie
Et gravée
Du Grand V de Yahvé :
"Mon Fils, par divine officine
te défie d'enlever toute âme Capucine"
Au vu de ces deux lignes,
Le Diable veut mourir,
De rire !
"Par Charon, par le Styx !
Par mes sabots cornus !
Pari tenu !"
De ses griffes
Il déchire
le chiffon du Roi Juif !
De son souffre
Il se gonfle,
Et souffle dans son fifre !
A ce son, de ses gouffres
S'élancent des griffons
Montés, en amazone,
Par d'horribles démones !
aux pulpes dilatées
aux jupes délitées
aux bustes aimantés
aux pupilles hantées
de stupre, et de beauté !
Profitant d'une éclipse,
Complice obscurité,
Elles glissent vers la Terre
Et par la nuit sans Lune
Aterrissent chacune
Au pied d'un monastère...
Et dans chaque abbaye...
Sous les cierges, parmi
Les prieurs endormis
Les démones s'habillent
En atours de Madone...
On croirait au retour
De la Vierge Marie !
Elles murmurent à l'oreilles
Des moines en sommeil
"Viens à moi, obéis !"
"L'abstinence suffit!"
Les moinetons s'éveillent
La trique en oliphan...
Ô plaisir inconnu !
Elles, nues, de danser,
Eux de chanter cantiques,
Ingénus homme-enfants !
Un feu venu des nues
monte, les enveloppe
d'un désir diabolique !
Envoutés, ébahis, les capucins s'enfuient
Délaissant la culotte...
Et l'étole en calotte,
Le prépuce en scarole
Et les bourses en maraudes
Coursent en farandoles
Les démones ribaudes !
Tout ce monde s'ébroue, se défoule et se rue
S'attrape et se marie
Sous le regard
Vicelard
De dyonisos qui hop! est apparu
A traversé l'église,
A bondi sur l'autel
Et se tape un strip-tease
En chantant Belle Belle Belle
De Claude François d'Assise !
Dans la chapelle,
Du corps divin cloué, au torse transpersé
S'écoule un vin corsé, dense, lourd et fruité
Un sang rouge et rosé
Breuvage salvifique !
En pélerinages improvisés,
Répondant à l'appel
Rusé
Des démones amusées
Des foules canoniques
Viennent puiser l'eau sainte !
Alors que minuit tinte
Au clocheton
Les curés en crépon et les nonnes en jupon
S'aiment sans crainte,
Langoureuses étreintes !
Les éveques acculés
aux balconnets bullés des soeurs immaculées
Commentent leur galbé
Tout en doigtant leurs fentes
Devant les diacres éberlués
Aux lunette embuées
De tant d'obsénités,
Tous saoulés d'absinthe consacrée !
Et le nonce, maquillé ! qui fait le commissaire
Et qui risque sa mitre à passer à marmite
Les gitons guillerets du petit séminaire !
Sainte orgie d'angelets !
Pieuses pintes surgies au lieu des gobelets
Choristes capucins, allongés, emmêlés
Dans les coussins violets des sachristie souillées !
Les derrières collés aux avants surphallés,
Chorale qui soupire, râle,
Corps hâlés des démones empâlées sur les moines !
Chevauchées sans soutane dans la nef étoilée dela grand' cathédrale !
...
Loin de ce grand bordel...
Aux cieux, Jésus, Elie, Moïse,
Désabusés,
Contemplent bouche-bée
Les moines embourbés, raides, roses
Et courbés, qui troussent,
Débridés, les diablesses amusées !
Quelle Partouze !
Le Christ, les yeux carmin
Et les joues cramoisies,
Aimerai bien en être,
De la partie...
Mais, pour avoir l'air net
Devant ses frêres prophètes
Il détourne la tête, et
Jugeant l'odieuse affaire,
Maudit tous les humains...
Il conclu, lapidaire :
"Amen, je vous le dis."
Le Paradis sur terre,
Ce n'est pas pour demain..."
Au fin-fond de son four,
Lucifer, fou de rire,
Applaudi des deux mains.