Les cochons dingues
à poiles longues

culottes blondes
robes à tringles
truffes oblongues
muffles cradoques

Les cochons et les porques
qui grattent les crottes
mandingues
reniflent les mottes
cradingues
croquent les nèfles mous
de leurs groins fouillent,
et cherchent
les bouses et les boues,
les choses déjà mortes
et les choses qui meurent,
et les bouses qui souillent
la cour, devant la porte...

Les porques qui se vautrent
en extase profonde,
dans leurs tas de gadoue
et les enfants qui rient
qui chamaillent et qui jouent
devant les cases rondes
faites de pailles,
faites de fleurs,
faites de pailles et de bambou,

Et les maris jaloux
Qui s'enfuient de leurs couches retrouver dans les bouges
les bouches de moins sages chéries

et reviennent, anges saoûls
s'endormir dans les auges
de la porcherie...  

Et les chiens fous qui crient
  à la nuit leur folie
    et les veuves debout
     sous les étoiles éteintes
        au pied de leurs cahutes,
          et les féticheries
             les tambours, et les flutes,
       et les sorcelleries
et les chauves-souris

les brousses qui se brûlent
et les courses
les chasses
des tueurs noctambules
les ombres du Hibou
et les sangs qui se glacent.


et les vents chauds
qui tournent
les rêveurs sur les nattes
la sueur qui s'échappe
le sommier qui s'agite
et les chats
qui invitent les chattes
à monter sur la corne
de la Lune écarlate

Et les diables qui passent :
Et les vieux qui s'effacent...

Et puis, là, sur les yeux
la caresse
du matin.
Les lutins qui se cachent
dans les cheveux
et les elfes mutins
qui se pressent
vite! un dernier jeu !

le sommeil, défunt
s'enroule,
dans ses drap de campagne

les parfums de la nuit
saignent
du cou des femmes qui paressent
tigresses sous le pagne,

les hommes reposés
dignes, sont debouts
leurs vignes à arroser
s'étendent à leurs genoux
leurs vergers de cajoux
leur champ de sorgho rouge
leurs soja, et leurs tiges
de mil les attendent, et leur houes !

Les filles
elles,
les belles,
les filles du soleil
en files de gazelles
pétilles et pétales

vont puiser l'eau,
et les danses
d'oiseaux
et la brise irisée
et les fleurs déposées
et le reflet des heures
et l'heure de l'innocence
tamisée dans les seaux.


Au Soleil Couchon



Les enfants,
eux !
se réveillent
et foulent la rosée
prêts à mordre le ciel,
bleu !

Devant les cases rondes
De paille, et de bambou,
et de fleurs,
et de paille,

Perdus dans leur bonheur,
les porques,
comme toujours,
se roulent
et leurs laies,
dans le fiel,


et la vie
se déroule,
et l'amour,  
comme toujours,
s'écoule
et le lait  
et le miel...