Rivière

C'est une rivière.

son eau coule lentement
bullement
gazouillis de glouttes qui se récifent
cheveux d'eau qui s'ébouriffent
petit fouilli de transparence
bleue, ronde, petit brouillis de danses d'ondes.

Des rochers, couverts d'une housse discrète,
piquée de tâches de mousseur grises et blanches,
se sont installés, ça et là sous les branches
flottantes
des saules en fleurs.
Après chaque rocher,
une tourbillonde fachée, s'enroule comme une couleuvre
frémissante, prête à crocher.

des pétales de frangipaniers
parfois,
passent sur la surface, prisonniers
du courant, attendant qu'une main d'enfant
les ramasse
et les passe dans les franges peignées
de sa jeune amoureuse,
ou bien, de sa maman.

Avant la rive, cachées dans les roseaux
des poules d'eau s'oisivent,
et se sauvent, chétives et peureuses,
quand s'attise la marche hative
d'une promeneuse, ou d'une renarde,
furtive, et chasseuse.

Plus haut, les sureaux
les ajoncs, les muriers,
dessinent
leurs milliers d'énigmes,
que les baies d'églantines,
soulignent
en pointilliés.

Plus haut encore
dans les verts contreforts
des chènes et peupliers
une assemblée de feuilles
chante
doucement
une hymne
pour les cîmes.

Le soleil me pousse à l'eau.
Fraîcheur.
et caresses de l'air
Qui sèche sur ma peau.

Je me couche sur le dos,
entouré d'une flotte
de tétards en fête,
et leur soeurs, les reinettes
sautent en galipettes
de ma tête plongeoir.

Dans la rivière,
Je nage
et m'émerveille,
Quelques petits poissons
m'embrassent
les orteils

Dans la rivière,
je nage
et m'émerveille,
Un papillon
Se pose, rouge
vermeille
sur mon nombril rose....

Le temps,
comme une image
trop vieille
s'efface,

Et seul, reste l'instant,
Comme ce goéland
Qui dans le ciel,
lentement, passe.