Hamac

Mon hamac balance...
Depuis quand suis-je ici ?

Les fenêtres inclinées de ma tour
S'incurvent en tornades, en cascades figées
En triple enroulades d'or s'éprennent et se déforment
Lentement se détournent et se révolutionnent
Hier, je vis les Lacs,
Folles pupilles bleues, insondables et diaprées,
Je basculai, dément, vers leurs gouffres aimantés...
Demain,
de Californe,
Je verrai les cornacs
Au creux des grands canyons
Chevaucher les géantes à cornes !

Mon hamac balance...
Depuis quand suis-je ici ?

Les fenêtres inclinées de ma tour
Se perdent en floraisons, tourbillons de fréquences
Vibrent et font sillages, en un million de rides
En silence se penchent, dissolvent toute bride :
Hier, dans l'air humide
Je vis l'oiseau-ramage éclore des gouttes d'eau
En détresse d'amour, je tombai aussitôt...
Demain,
Des Armoriques,
J'observerai les druides
Assis sous les dolmen
Semer des fleurs cosmiques
dans le creux de leurs mains !

Mon hamac balance...
Les journées s'avalanchent et j'assiste, ahuri
A des visions diaphanes
Qui ne sont pas les miennes...

Depuis quand suis-je ici ?

Mon hamac balance,
Et mes journées se mèlent
En spirales hantées,
Mon existence confuse
Diffuse à demi-ton
des doutes enchantés...

Depuis quand suis-je ici ?

Mais quand viendra l'été
Les fenêtres inclinées de ma tour
S'entrouvriront
Et peut-être
Laisseront s'inviter
Une furie de notes légères et de combinaisons flûtées
Infusion de trompettes, de rythmes et de danses athées

En provenance

Du dehors...

D'ailleurs...

De quelque part...

Annoncant l'arrivée

De mon départ.