Frankie
Dans le parc du Palace,
c'est tennis ou croquet,
golf, tir ou hockey
Et sur des tables en teck
Un apéro s'installe
Dans les verres de cristal
Pour ce large banquet
La pègre a invité des invités de marque
Grands patrons, politiques
mafiosis et flicards
tous OK pour l'arnaque
Boivent en sécurité sous les yeux affutés
de vigiles bien planqués
Dont les Rotweiler dorment,
Oreilles déchiquetées
Calmes, à leurs côtés
***
Dans le parc du Palace
c'est Havanes et Cognac
Et la fin du banquet
Le parrain du maquis
Pépé "Bank" Frankie,
quitte la garden-party
Décolle en hélico
direct à Mexico
ouvrir quelques tripots
A ses pieds, un Husky
agité de la queue
ronge un os au whisky
C'est un os sans prix
Provenant d'un grand Morse
Capturé en Ecosse
Le Husky s'en régale
Sous les yeux de Frankie
qui sirote un Mezcal
***
Tandis qu'à l'intérieur
de l'hôtel, discrets
quelques types en costards
Parlent affaires et braquages
coffres-forts, pillages
bénéfices et partages...
Dans un coin, sursapée
style punk, rococco
chapeau claque, cheveux verts,
Une gonzesse dopée abreuve son Cocker
au champagne Cliquot...
C'est la fille à Frankie.
Mannequin à Moscou,
on l'appelle Laïka...
***
Dans le bar du Palace le poker se mélange aux vapeurs de Vodka
La porte de verre mat soudain s'ouvre, se claque
Et Rocco, le dealer de Laïka
Débarque, en complet d'alpaga
Il traverse la salle,
s'affale sur le canap
en skaï, se commande un cocktail
Laïka le rejoint, se coule
contre lui, sniffe un rail
et compare les paquets :
Héro, crack
et coco
tout est pesé, OK.
Quand soudain, au poker, ça s'insulte ça tourne mal, un des joueurs a sorti son surin et tailladé l'arcade de son voisin de table
***
Laïka hurle, choquée,
effrayant son Cocker
qui se roule par terre
Rocco appelle au secours
la serveuse rapplique
au poker, ça s'excite
Un des joueurs tétanise,
se crispe,
dans sa poche ses doigts cliquent
Par erreur il se tire
un balle dans le slip,
son coeur craque, il s'écroule.
***
A ce bruit, dans le parc,
affolé par l'embrouille
un vigile novice
balance une rafale
Les balles sifflent, partent en l'air
atteignant dans les pales
l'hélico du parrain
qui décollait tranquille
au dessus du terrain
L'engin tombe illico, prend feu,
détruisant le banquet
tuant tous les mafieux et leurs gros invités
occupés à brouter des vérines au pâté...
***
Ainsi fini Frankie,
le parrain du maquis
et périt son Husky.
Son empire disloqué
fut la proie des harpies
des vautours, des corbeaux.
Le Palace, convoité
fut vendu, rénové en hôtel à bobos
Laïka et Rocco
fuirent à Rio Branco
Au bord de l'Amazone
Trafiquer la coca
l'opium, l'Ayahuasca
et vivre heureux comme ça.
***
Après ce drame horrible
Les honnêtes gens vécurent
eux aussi, plus paisibles
La ville, devenue pure
nettoyée des pourris
retrouva la santé...
Mais pour finir l'histoire
du macabre Frankie je dois vous raconter
Que par un jour d'été
vagabondant sans bruit
dans son ancien quartier
Le Cocker de Laïka
errant, abandonné
trouva l'os au whisky
Encore frais et entier
Il le jugea exquis
le croqua, et s'enfuit.
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