Féline

Quand dans la nuit les hyènes

Sillonent les bosquets,
Que les lionnes embusquées
Dans les lianes m'espionnent
Et que pour moi résonne
Un hymne en requiem

Je ne suis guère inquiet
Et fier, je me promène
Ou même, me pavane !
Dans les faubourgs risqués
De ces coins de savane
Où rêgnent les canines !
 
C'est dire que j'affectionne
Cet étonnant whisky
Des vallées de la Lune
Et que je me savonne
Palais, langue, et babines
De ce malt musqué !

Et j'avance, masqué
Aux papilles félines
Par le parfum exquis
De mon étrange haleine !
 
Et je danse, masqué
Aux pupilles félines,
Par l'ombre alambiquée
De mes allures d'ivrogne !

Tandis que dans mes veines
La potion tourbillone
Je lève haut mon boc, et
Bien bas, je m'incline,
Devant l'astre nocturne
Qui dans l'air tourbillone
Comme un blanc tourniquet !

Si par chance, 
Je peux dans un apéroplane
Voler jusqu'aux collines
De ce croissant laqué
Je reviendrai, casqué
Des fruits bleus de sa vigne !

Et je pourrais verser
Leur liqueur mescaline
Entre les crocs arqués
Des lionnes africaines
Puis m'endormir, bercé
Dans leur pattes câlines...